NOTES

 

Cette phrase résume deux paragraphes entiers de Pierron (Notice, ouvrage cité, p. XVI-XVII): « Quand Solon revint de ses voyages, Thespis, du dème d'Icare, représentait des drames véritables. "En ce temps-là, dit Plutarque, Thespis commençait à changer la tragédie; et la nouveauté du spectacle attirait la foule, n'y ayant point encore de concours où les poètes vinssent se disputer le prix." Solon, naturellement curieux, et qui, dans sa vieillesse, se livrait davantage aux passe-temps et aux jeux, et même à la bonne chère et à la musique, alla entendre Thespis, lequel, suivant l'usage des anciens poètes, jouait lui-même ses pièces. Après le spectacle, il appela Thespis et lui demanda s'il n'avait pas honte de faire si publiquement de si énormes mensonges. Thespis répondit qu'il n'y avait point de mal à ses paroles ni à sa conduite, puisque ce n'était qu'un jeu. Oui, dit Solon en frappant avec force la terre de son bâton; mais si nous souffrons, si nous approuvons le jeu, nous trouverons la réalité dans nos contrats.

« Voici quelles étaient les innovations poétiques dont s'était scandalisé le vieux législateur. Thespis avait imaginé de prendre pour sujet de poème une portion bornée de la légende de Bacchus, l'histoire de Penthée par exemple, et de la mettre, non plus en récit, mais en action. Le choeur chantait et dansait encore, mais non d'une façon continue. De temps en temps, un personnage s'en détachait et parlait seul, soit pour répondre aux paroles du choeur, soit pour raconter ses pensées, soit pour provoquer le choeur à de nouveaux chants. Au reste, la partie purement lyrique, dans les compositions de Thespis, était de beaucoup la plus considérable. Le sujet dramatique, l'épisode, comme on disait, avait fort peu de développement; et l'acteur, le répondant, suivant l'acception du terme grec, s'adressait au choeur en vers dont la forme et le caractère tenaient de bien près encore aux mètres lyriques. Thespis se servait, dans le dialogue, du tétramètre trochaïque, et non de l'ïambe. »